vendredi 4 juillet 2008

Cave Canem

Je m’en moque de ce qu’elle a fait, bien ou mal. Il n’y a que mon problème qui devrait être important à ses yeux. C’est vrai qu’elle a une tête à faire des conneries. Je demande pour la énième fois qu’elle veuille bien faire le nécessaire, que l’agence ne doit fermer que dans une demi-heure, que je dois rentrer chez moi… Comme je n’ai pas de Passe Navigo, je lui demande qui va me payer ou me rembourser mon ticket puisqu’elle refuse de m’en faire un.

Rien à faire, je suis face à des esprits obtus et butés qui ne veulent rien entendre et sont trop pressés d’en finir sans se soucier le moins du monde de mon existence, de mon problème et pour qui le sens commercial ou le souci de la qualité du service n’ont pas encore imprégné leurs méninges.

Sans doute quelques manières à prévoir et à inculquer au cours des séances de formation professionnelle qui ne doivent pas manquer.

Est-ce normal que leur refus m’oblige à acheter un aller retour plein tarif ? Il faudra bien que je rentre chez moi et que je revienne le lendemain dans Paris. Cela ne les gêne pas du tout. Au contraire elles me répondent :

« Revenez demain, ça ouvre à sept heures ! ».

Des pulsions violentes m’envahissent et l’image de cette harpie clouée à la porte de son Club me traverse l’esprit.

Étant maintenant définitivement convaincu que je n’arriverai à rien, je réalise qu’il ne sert à rien d’insister. Ce n’est pas encore aujourd’hui que mon estime pour les préposés à casquette et à uniforme remontera… Il n’y a pas assez de distributeurs automatiques.

Ma décision est prise. Je n’attends pas qu’elle ait terminé de me justifier son refus. Je lui tourne le dos et je quitte les lieux.

J’ai déjà repéré la personne derrière laquelle je me glisserai dans le métro.

Sans payer !

Accordeon

jeudi 3 juillet 2008

Entrée en force

Mes arguments ne convainquent personne et les portes restent closes.

Un des clients finit enfin par sortir. C’est un homme. Jeune (plus jeune que Maurice). Il s’arrête dans le passage pour me dire :

« N’insistez pas Monsieur, c’est fermé ! ».

Que me veut-il celui-là ? N’a-t-il rien d’autre à faire que de s’occuper de ce qui le regarde ? Pas la peine de lui parler. Un regard de travers et je m’avance. Il s’écarte et me laisse passer. Je peux enfin rentrer dans ce fichu Club. Brave garçon…

Je me fais accueillir comme il se doit par les deux cerbères de service accortes préposées.

« C’est fermé depuis 10 minutes Monsieur ! »

Pas un bonjour, pas un désolé, pas un veuillez nous excuser... Bref, dans la droite ligne du Parti. Celle-là, celle avec les lunettes, a une tête à donner des prénoms à ses pantoufles. J’ai un collègue de travail dans le même genre… La satisfaction du client et la qualité de la prestation du service ne sont pas ses valeurs de référence. A priori elle a tout de même rendu un homme heureux, celui qu’elle n’a pas épousé.

Espérant que de guerre lasse, par compréhension, par humanité, par gentillesse ou par simple volonté de rendre service, elle daigne répondre favorablement à ma demande, je répète à nouveau que j’ai besoin d’un nouveau Passe Navigo car j’ai perdu le mien, que ce sont des choses qui arrivent et il est prévu qu’on me le remplacera gratuitement. En ce qui me concerne c’est la première fois en plus de vingt ans que cela m’arrive. Par ailleurs il reste encore du temps avant la fermeture officielle de l’agence…

Elle ne m’écoute même pas. Elle se contente de s’adresser à sa collègue qui n’a pas terminé avec sa cliente, pour lui dire !

« J’ai fait une connerie… J’ai fait une connerie… ! »

Trottoir express

mercredi 2 juillet 2008

Dialogue de sourds

Comme la porte refusait de s’ouvrir, je finis par jeter un coup d’œil à l’intérieur à travers les portes vitrées. Deux personnes me font de grands gestes avec les bras en me regardant. Il ne s’agit pas des agents de la RATP, mais de leurs clients. En croisant et en décroisant les bras devant eux, et ouvrant de grands yeux et en articulant grossièrement de la bouche, il me font comprendre que c’est fermé.

Ils font erreur car l’agence est censée fermer dans une demi-heure. Je reste donc planté devant la porte avec l’intention de rentrer dès que celle-ci s’ouvrira au moment où un des clients voudra sortir.

Alors que les agents commerciaux de la RATP n’ont pas encore levé les yeux vers moi, trop occupés qu’ils sont à agrafer des documents ou pianoter sur le clavier de leur terminal, les clients insistent et recommencent leurs gesticulations. Cette fois je les entends à travers la vitre me dire que c’est fermé.

C’est sympathique de leur part de faire les commissions à la place des autres, mais si quelqu’un doit me dire quelque chose, ce sont les deux autistes de service agents de la RATP.

Je leur réponds quand même que l’agence est censée fermer dans une demi-heure. Cette remarque a le don de sortir les deux préposées de leur hébétude. Dans un ensemble parfait chacune d’elles lève le bras gauche pour me montrer sa montre qu’elles tapotent de l’index droit pendant que leur tête s’incline rapidement de droite à gauche.

« C’est fermé qu’on vous dit ! »

Je répète ma rengaine : il reste 30 minutes avant que l’agence ferme, j’ai perdu mon Passe Navigo et j’ai besoin d’en avoir un nouveau.

Nouveau concert de refus. Qu’à cela ne tienne, je campe sur mes positions. Quelqu’un finira bien par sortir. En même temps je sens que l’énervement que j’avais jusqu’à présent réussi à réprimer, commence à prendre le dessus.


Baleine de profil

mardi 1 juillet 2008

Sésame ouvre toi !

L’endroit semble assez sombre, probablement pour donner l’impression d’être dans un club chic, dans les tons verts avec des chiffres et des lettres peints sur les murs. Il doit s’agir de noms de stations célèbres. Peut m’importe l’emballage. Je suis tout content d’avoir enfin trouvé cet endroit tant désiré.

Je regarde l’heure sur mon téléphone car je ne porte plus de montre et je constate avec plaisir qu’il me reste largement 40 minutes avant la fermeture ! Cela ne devrait pas poser de problème puisqu’il m’a été dit que toutes les données me concernant étaient accessibles à partir de n’importe quel agence de ce type.

Maurice est donc confiant !

Comme dans tous les clubs selects qui se respectent, il faut montrer patte blanche avant d’entrer, pouvoir prouver qu’on en fait bien parti. On n’est quand même pas dans un moulin. À la différence d’autres clubs signalés par une lumière rouge à l’entrée et dont on n’aperçoit que difficilement à travers une toute petite fenêtre les longues jambes croisées de charmantes jeunes femmes en train de se rafraîchir d’une coupe de champagne, ici, tout est exposé à travers de grandes baies vitrées.

A l’intérieur on peut aisément distinguer deux bureaux occupés par deux femmes portant fièrement l’uniforme RATP. Pas des top-modèles, mais probablement efficaces. On ne peut pas tout avoir…

Ne vous y trompez pas et ne mettez pas cette réflexion sur le compte de la misogynie car vous feriez fausse route.

Je cherche désespérément une poignée de porte, mais en vain. Ici il y a quand même une sonnette à l’entrée. La peinture en est sérieusement écorchée et rayée, signe sans doute d’une importante fréquentation.

Décidé à en terminer rapidement, j’appuie sur le bouton, sans résultat. Je renouvelle l’opération, pensant n’avoir pas appuyé correctement. Rien… Y aurait-il une incantation que je n’aurais pas prononcée ?


Baleine face

lundi 30 juin 2008

Repos

De retour des 24 heures du Mans Roller, Maurice n'a pas travaillé aujourd'hui !

Il reprend le chemin du travail demain... et retrouvera son train de banlieue préféré.