Portillon en panne (7)
La précipitation se transforme alors d’un seul coup en angoisse et se propage à l’ensemble des autres voyageurs lorsque les premiers réalisent qu’il n’y a qu’un seul portillon qui fonctionne. Les voyageurs jusqu’alors courtois commencent à s’exciter et génèrent une légère bousculade. Ils sont pourtant « entre eux ». Ils se côtoient et se voient (certes sans se voir) tous les jours, se regardent et s’observent du coin de l’œil. Il ne sont donc pas étrangers les uns par rapport aux autres comme on peut l’être avec le voyageur qui montera dans le train à la station suivante. Mais cela n’empêche. Dans ces moments de stress, on oublie tout et le côté sombre de la force rejaillit. La retenue n’est plus de mise. Les bonnes manières sont jetées aux orties. C’est maintenant chacun pour soi. Ce n’est quand même pas l’affolement ou la panique, car aucun monstre sanguinaire n’est à leur poursuite, aucune crue ou fleuve de lave ne vient les menacer… Tout simplement le train arrive !
On palpe cependant l’excitation. Ce mouvement sera amplifié par l’arrivée inattendue d’un groupe important de voyageurs dont le bus avait ce matin, là du retard. La confusion est alors à son comble et les comportements se mettent à changer du tout au tout.
D’honnêtes mères de famille se mettent à ramper pour passer sous les portillons oubliant au passage pour certaines qu’elles ne sont plus aussi souples que ça et pour d’autres qu’elles ont un sac à main qu’elles portent dans le dos. Celui-ci se coincera en travers de la barre transversale du portillon et les bloquera instantanément dans leur élan tout en rendant leur position encore plus inconfortable. A force de contorsions elles finiront par s’extirper de ce piège pour se relever enfin, le visage rougi par l’effort et la coiffure en bataille.
…à suivre…