vendredi 8 juin 2007

Les Zombies

Certains les matins on a l’impression qu’ils sont directement sortis de leur cercueil ou de leur tombeau et que mus par un signal invisible, inaudible et en tous les cas incompréhensible du commun des mortels, ils se sont donné rendez-vous au même endroit et à la même heure. Ils, ce sont tous ces zombis mal dégrossis, ces lémures et autres âmes damnées.

Cet endroit c’est le quai du RER que j’emprunte tous les jours et l’heure c’est justement celle à laquelle je décide moi aussi de me rendre sur ce fameux quai.

Ce qui les caractérise, c’est tout d’abord leur démarche. Loin d’être celle d’un fringant jeune premier sûr de lui et de sa jeunesse, on a l’impression qu’ils portent tous les soucis de la terre sur leurs épaules.

Leurs pas sont d’autant plus traînants qu’ils ont les épaules voûtées. Des morts-vivants et des momies, fruits de la création d’un docteur fou et de son assistant décérébré, se dissimulent sous des apparences trompeuses. Ils sont habillés comme vous et moi.

Je me demandais encore l’autre jour comment j’avais pu ne pas me faire remarquer par ces succubes et autres croqueurs de crânes, comment jusqu’à présent je n’avais pas été pourchassé et rattrapé jusqu’à être dévoré et englouti par une horde de zombis pustuleux irradiés et assoiffés de sang, ces vampires et leurs cousins les esprits et les spectres.

Une foule tellement compacte, qu’on on a beau vouloir les zigouiller en vidant des dizaines de chargeurs de mitrailleuse, il en revient toujours autant.

C’est en passant devant un énorme miroir l’autre matin que j’en compris la raison. J’en suis encore à me demander quand et comment cela a pu se produire. Toujours est-il que je n’ai maintenant plus aucun doute. S’ils ne m’ont pas encore sauté dessus c’est tout simplement parce que je ne suis ni plus ni moins que l’un d’eux !

Maurice zombie