Toujours plus vite (2)
Retour donc dans les couloirs du RER E…
Le voyageur pressé et accro à sa moyenne a en un clin d’œil et en un claquement de synapse, repéré la faille. En accélérant le pas, et quitte à jouer des coudes, il se retrouve dans le sas que personne n’avait pensé emprunter ! Quelle bande de gros nazes ! Dans son sillage, et sans qu’il s’en rende compte, il a entraîné un autre voyageur, tout aussi pressé et accro à sa moyenne, mais qui a réagi un petit poil moins vite.
C’est à ce moment que la situation devient cocasse.
En effet le sas est capable de « voir » automatiquement qu’il y a plus d’une personne, et contrairement à Sésame, malgré les invocations, refuse de s’ouvrir tant qu’il reste plus d’une personne. Un message diffusé par haut-parleur le confirme. En général le voyageur pressé n’écoute pas ce message. Il se contente de valider une deuxième fois son ticket, et on lui répète qu’une seule personne à la fois peut passer. Le deuxième voyageur pensant bien faire veut aussi passer son ticket. Il est en effet convaincu que le gros balourd devant lui, celui aux chaussures pleines de boue, sort de sa province et n’a pas de ticket valable et qu’il ferait mieux de rester chez lui plutôt que d’emmerder le monde !
Pendant ce temps, les autres voyageurs passent tant bien que mal les uns après les autres, laissant les deux excités sur place. Jusqu’au moment où les contrôleurs qui sont dans le cagibi juste à côté s’emparent d’un micro pour dire qu’un des deux voyageurs doit sortir du sas.
C’est tout juste si le premier, se sentant plus dans son droit que le deuxième, ne le traite de tous les noms d’oiseaux ! Non mais, et ma moyenne gros c.. ! Le deuxième voyageur honteux et confus doit donc s’effacer et attendre son tour, alors qu’aux autres portillons il n’y a presque plus personne !
Comme l’a si bien dit Jean de la Fontaine et probablement Esope avant lui, rien ne sert de courir, il faut partir à point ! Maintenant il va falloir cravacher pour redépasser tous ces traînards !