vendredi 30 mai 2008

L’art de dire les choses (3/3)

Cela dit, même si on est persuadé de recevoir une réponse négative, on peut quand même poser la question. Cela suscitera l’admiration de la part de vos voisins ou voisines. C’est tout de même mieux que de passer pour un mufle ou un goujat !

La question, lorsqu’elle est posée, est souvent la suivante :« Vous ne voulez pas vous asseoir ? ». C’est le genre de question qui induit la réponse. En l’occurrence une réponse négative puisque la négation est déjà dans la question. En fait on propose sa place, mais on aimerait bien dans le même temps que la personne refuse l’invitation. Il serait plus juste de dire : « Voulez-vous vous asseoir ? ».

Il existe une version plus directe. On se lève de son siège et on dit : « Asseyez-vous ! ». Cela peut certes paraître un peu directif. On peut atténuer son propos en rajoutant un « je vous en prie », ou en disant « Venez vous asseoir ! ».

On peut aussi choisir de ne rien dire, de se lever et de désigner la place restée libre à la personne enceinte.

En général les choses se passent simplement mais il peut y avoir des complications.

La femme enceinte peut, avant de finalement accepter, vous remercier de votre offre et la refuser en prétextant qu’elle peut rester debout. Vous insisterez alors en redoublant d’amabilités : « Mais faites donc ! », « Si, si, j’insiste ! », « Non, ça ne me dérange pas ! », « Je descends à la prochaine… ». Évitez une fois de plus d’être trop directif dans le style « Ne discutez pas et asseyez-vous ! ».

Les exemples que j’ai présentés ne sont pas le fruit de mon imagination. Dans la réalité, la plupart du temps, on peut quand même assister à des échanges de civilité, mais la tendance est plutôt à l’individualisme, pour ne pas dire l’égoïsme.

Me trompe-je ?

Banquette

jeudi 29 mai 2008

L’art de dire les choses (2/3)

Il y a ceux qui ont vu, mais qui ne se dissimulent pas. Ils sont assis et à moins de les déloger de force, n’envisagent pas de bouger, et attendent qu’un autre voyageur réagisse et cède sa place.
Enfin il y a ceux qui ont vu, qui ignorent complètement les usages en la matière, et qui n’imaginent pas un instant qu’on puisse céder sa place à quelqu’un d’autre.

Viennent ensuite les réactions.

Ce qui m’a étonné plusieurs fois, c’est le manque de solidarité féminine. Toutes les femmes n’ont certes pas forcément eu d’enfants, mais c’est surprenant de voir que par moment elles ne font pas de cadeau à une femme enceinte. Lorsqu’un ensemble de sièges est occupé uniquement par des femmes, il peut se passer un certain temps avant que l’une d’elle finisse par « craquer » et décide enfin de se lever pour céder sa place, en souriant, mais à contrecœur.

La situation s’inverse si un homme à le « bonheur » de se retrouver au milieu de toutes ces femmes. Celles-ci le regarderont sans rien dire, histoire de lui faire sentir que si quelqu’un doit céder sa place, c’est lui et par conséquent la galanterie et l’esprit chevaleresque c’est pour lui ! Dans ce cas précis, je ne sais pas si on peut parler de solidarité féminine !

Il y a quand même des moments où spontanément quelqu’un proposera sa place. Une femme enceinte de 8 mois se verra offrir plus de proposition que si elle avait été enceinte de 2 mois !

Il y a toujours, non pas une part de risque, mais la possibilité de voir sa proposition refusée. Toutes les femmes enceintes, pour diverses raisons, ne veulent pas forcément s’asseoir. Il faudra ensuite se relever et le bénéfice du repos n’est pas évident si le trajet ne doit durer qu’une ou deux stations.

Lustre

mercredi 28 mai 2008

L’art de dire les choses (1/3)

Les transports en commun sont accessibles à tous, y compris aux femmes enceintes. Il est possible d’en voir à des degrés d’avancement divers de leur grossesse. Ils y a celles qui vont accoucher dans l’heure à venir tellement le ventre et les accessoires qui vont avec sont proéminents, vous l’avez compris je veux parler du nombril en relief, et il y a les autres !

En parlant de nombril, malgré un ventre de femme enceinte de 3 mois, le mien est plutôt en creux ! Mouarf ! On s’en fout !

Pour les femmes enceintes, mais aussi les personnes âgées, ou celles accompagnées d’enfants en bas âge, mais aussi pour les handicapés, des sièges sont réservés. Ils sont peu nombreux, mais ils ont le mérite d’exister.

En période d’affluence, ces sièges sont bien sûr occupés. La nature a horreur du vide. Ce qui est comique, c’est de voir le comportement des voyageurs lorsqu’une femme enceinte (c’est l’exemple que nous prendrons) pointe son ventre dans un train dont tous les sièges sont occupés.

Pour cela, il faut distinguer plusieurs catégories de voyageurs. Pour cela on ne va considérer que ceux étant dans l’entourage immédiat de la radieuse (et encombrante) future maman. Cette liste n’est certainement pas exhaustive, mais elle couvre le plus grand nombre de cas.

Il y a ceux qui n’ont rien vu, et qui ne verront jamais rien car ils sont endormis ou trop accaparés par leur lecture.
Il y a ceux qui ont vu, mais qui le dissimulent. Ils font semblant de ne rien voir, ou font semblant de dormir, regardent ailleurs ou restent obstinément plongés dans leur lecture.

Quai RER

mardi 27 mai 2008

Terminus anticipé (2/2)

Vous avez même constaté à deux reprises que le train s’était arrêté à Mickey comme dirait l’autre, avec diffusion d’un message préenregistré : « La signalisation nous impose cet arrêt. Pour votre sécurité veuillez ne pas ouvrir les portes et rester dans le train… », ou quelque chose dans ce genre là. Comme si, alors qu’il vous reste des kilomètres à parcourir, vous alliez vous amuser, dès le matin, à descendre sur le ballast pour aller pousser le train !

Pourquoi la signalisation impose cet arrêt, ça les usagers ne sont certainement pas suffisamment intelligents pour le comprendre, donc pour ne pas les blesser on préfère ne rien leur dire. Et puis qu’est-ce que ça changerait ?

Toujours est-il que le temps passe. Jusqu’au moment où le message qui tue est finalement annoncé laconiquement par le conducteur : « Suite au retard pris par ce train, le terminus sera Magenta. »

Fermez le ban ! Circulez, il n’y a rien à voir. Pas la peine de rouspéter c’est comme ça et pas autrement. Pour ceux qui ne le savent pas, le train aurait du s’arrêter à Haussmann Saint Lazare. Le message d’explication et d’excuse ou de compréhension sera pour un autre jour.

Il faudra donc descendre de ce train, sous peine de repartir en sens inverse, changer de quai dans une gare inconnue pour en attraper un, déjà bondé, pour arriver à destination, si tout se passe bien. Pour bien commencer la journée, on fait mieux, surtout si on se met à penser qu’on aurait pu rester un quart d’heure de plus au lit !

C’est donc un flot humain qui se précipite, car tout le monde veut passer en premier. Tout comme ceux qui attendent sur le quai et qui veulent monter dans ce train providentiel. Rarement ils ont l’occasion à cette heure de la journée, de monter dan un train vide. Le malheur des uns fait donc le bonheur des autres. La question est maintenant de savoir si c’est un jeu à somme nulle ? La réponse est non !

Tunnel métro

lundi 26 mai 2008

Terminus anticipé (1/2)

Ce n’est pas la première fois que ça arrive, mais on ne s’y fait pas et c’est toujours aussi désagréable.

Quelques minutes auparavant, tout avait l’air de bien se passer. Votre train était à l’heure, vous aviez pu prendre place, comme d’habitude, sur votre siège préféré, le signal avait retenti, les portes s’étaient refermées et le train avait démarré. Vous aviez pu sortir qui un livre de son sac ou fermé les yeux pour continuer une nuit trop courte.

Et puis d’un seul coup, c’est le doute, le questionnement. Sans pour autant avoir avalé une montre ou un horaire détaillé de votre ligne, vous sentez que quelque chose cloche. Ce n’est pas comme d’habitude. Pour une raison qui doit tenir du secret défense, votre train du matin se met à rouler à la vitesse d’un escargot. Étant donnée l’heure matinale, vous vous dites que ça ne peut pas déjà être des problèmes de circulation.

Autour de vous vous remarquez que d’autres voyageurs ont le même visage interrogateur et froncent le sourcil d’un air mécontent. Ont entend des soupirs et des marmonnements. Comme vous ils ont compris que quelque chose ne va pas.

Ça ne sent pas le brûlé, ça ne fuit nulle part, il ne pleut pas, il ne neige pas, vous n’avez pas vu le moindre tyrannosaure affamé à l’horizon, les grévistes sont encore au fond de leur lit ou en train de prendre des forces avant d’aller manifester (ou finalement en profiter pour rester chez eux).

Et puis la même chose s’est répétée plusieurs fois de suite.

Extincteur