vendredi 8 septembre 2006

L'angoisse

Cela fait maintenant plusieurs jours que Maurice a repris contact avec la blogosphère. Après avoir laissé dépérir son blog, l'avoir se laisser envahir par des messages et des commentaires non sollicités, il a remis le pied à l'étrier. Ou plutôt il a réouvert son calepin et débouché son stylo et renoué avec ses semblables.

Au début ça part toujours bien. Il trouve des tas de choses à dire, il déborde d'idées toutes plus drôles ou folles que les autreS. Il a toujours un tas de choses intéressantes à vous rapporter. Il est ainsi capable dee vous bassiner tous les jours ouvrés avec ses idées plus ou moins tordues.

Et régulièrement la même question le hante. De quoi pourra-t-il bien parler la semain prochaine, ou dans deux jours ou demain ? Car des billets en stock il n'en a pas tant que ça. De même que des idées géniales.

Il faut dire qu'en dehors de son blog il mène une vie parallèle qui ne lui laisse pas toujours le temps de réfléchir de quoi sera fait le lendemain bloguesque. Il bouche alors les trous en écrivant ce genre d'article alors qu'il ne se passe rien d'extraordinaire dans la voiture dans laquelle il voyage.

Il lui reste encore trois arrêts avant d'arriver et une quinzaine de personnes à l'étage, dont trois iPodeurs, un bosseur, deux dormeurs, trois bavards et... une jeune fille en facez de lui qui écrit dans un calepin.

Maurice a beau discrètement loucher pour tenter de lire ce qu'elle écrit, il ne peut voir grand chose. Cela ressemble néanmoins plus à un journal intime qu'elle complète quotidiennement car il est daté et ouvert à la page du jour de la semaine de l'année.

Toujours est-il que le temps passant, il a réussi à écrire ce soir 2 billets supplémentaires qu'il devra taper ensuite sur son nardinateur un de ces soirs.

jeudi 7 septembre 2006

Comment fait-il ?

Cette question je sais qu'au moins un de mes lecteurs se la pose. Il a vécu et vit probablement encore de temps en temps le même genre d'expériences que moi. Pas dans le RER, mais dans le TER. Pas en Région Parisienne, mais en Province. Les spectacles sont les mêmes. Les acteurs sont les mêmes. Il n'y aurait aucune difficulté de les transposer d'un endroit à l'autre. La nature humaine est ainsi faite.

Alors comment Maurice fait-il pour enregistrer toutes ces scènes de la vie ordinaire et vous les restituer ?

En observant en retenant et en notant.

Maurice a toujours sous la main son calepin, ou bien des feuilles blanches ainsi que quelques stylos et crayons. Cela tombe bien d'ailleurs qu'il en ait plusieurs sous la main car il a la fâcheuse habitude de les semer un peu partout. Ou bien sachant qu'il en trouvera dans sa sacoche, va se servir et ne les remet pas forcément en place tout de suite.

En ce moment d'ailleurs il écrit avec un stylo plume à encre rouge, en retournant la plume pour pouvoir écrire en petites pattes de mouche sur sa feuille à petits carreaux. En fait, non, l'écriture est plutôt claire et lisible. Ca dépend si le train secoue ou pas.

Il rature souvent, reprend une phrase ou une expression, se relit de temps en temps pour s'assurer qu'il n'y a pas trop de répétitions, de fautes d'orthographe, que ce qu'il a voulu dire ou faire passer comme message sera compréhensible pour le commun des mortels.

Une fois arrivé chez lui, après avoir dîné et passé une partie de la soirée avec sa petite famille, il saisira son texte sur son nardinateur, apportera encore quelques corrections et publiera dans son blog pour, il l'espère, votre grand plaisir.

mercredi 6 septembre 2006

Grosse fatigue

Je me suis toujours demandé quelle tête je pouvais avoir et quels signes je pouvais monter à mes collègues de travail lorsqu'il me vient soudain un gros coup de barre au cours d'une réunion.

En général c'est plutôt dans l'après-midi alors que mon intervention n'est pas nécessaire, que le sujet ne me passionne pas et n'a pas d'incidence sur mon activité, ou bien encore que celui ou celle qui parle le fait sur un ton monotone, même si le repas du midi est toujours léger et jamais arrosé.

Dans ces moments là je sens mes yeux partir, mais je ne sais pas trop où, alors que mes paupières sont toujours ouvertes, quoique légèrement moins qu'en plein éveil. Il m'arrive également de ressentir comme de légères pertes d'équilibre qui correspondent en fait à un relâchement des muscles et qui donnent l'impression de tomber et qui nous fait sursauter. On se resaisit. C'est le mot juste car du coup on essaye de se raccrocher à tout ce qu'on a sous la main : cahier, stylo, table... Rien de discret donc.

Ce soir j'ai en face de moi une personne qui présente les mêmes symptômes. Nous ne sommes pas en réunion, mais dans le RER. C'est calme, il fait bon (ni trop chaud ni trop froid) et le train roule sans à-coups.

J'ai tout le loisir d'observer ma voisine, en particulier ses yeux. Et maintenant je sais enfin ! Alors que je me demandais où pouvaient bien partir mes yeux, j'ai la réponse devant moi : ils partent en arrière, ils se révulsent.

C'est à la fois horrible et terrible. Horrible car on a l'impression d'être face à un zombi aux yeux blancs, et terrible car maintenant jesais de quoi j'ai l'air en réunion. Rien que ça devrait maintenant me faire passer l'envie.

mardi 5 septembre 2006

L'arche de Noë

Ce matin, comme pratiquement tous les matins de ce mois d’août, il avait plu. Ce n’est pas nouveau et bientôt je n’aurai plus à la préciser car vous l’aurez deviné sans que je l’écrive. Vous aurez également deviné que ce billet commence à dater aussi...

Ce matin donc le quai était humide. Et une fois de plus, des escargots téméraires (des petits-gris) se traînaient le long du grillage qui empêche le voyageur inattentif de tomber sur le bas-côté, d’autres s’aventuraient même au milieu du quai (pour prendre le train ?). Lorsque Maurice les voit ainsi à la merci d’une semelle de chaussure aveugle, il les remet à leur place, dans la végétation, du bout du pied. Il n’est pas le seul à le faire d’ailleurs.

Quelques escargots n’auront pas cette chance. Il n’est qu’à constater le nombre de gastéropodes réduits à l’état de crêpe qui jonchent le sol. Ils ne seront pas perdus pour tout le monde. Une fois les voyageurs montés dans le train, les pies prennent le relais et se chargent du nettoyage.

C’est cette scène de la vie ordinaire qui m’a ainsi donné l’idée de lister les animaux que j’ai pu croiser sur mon trajet quotidien, à pied, en bus, et en RER (A et E) :

Canard (colvert)
Chat
Cheval
Chevreuil
Chien
Corneille
Escargot (petits-gris, des bois)
Faisan
Grenouille (rainette des bois)
Hérisson
Héron (cendré)
Hirondelle
Mésange (bleue, charbonnière)
Moineau
Papillons
Pie
Pigeon
Renard
Souris

Dans le genre exotique, j'ai croisé

Chameau (le modèle à deux bosses)
Lama
Vaches irlandaises
Zébu

Il faut dire que ce jour là un cirque avait décidé de stationner le long de la route qu'emprunte le car !

Enfin ce n'est pas rare de voir des thons. Rouges ou blancs, contrairement aux affirmations de GreenPeace, ils sont loin d'être en voie d'extinction. En méditerrannée peut-être, mais pas sur ma ligne !

lundi 4 septembre 2006

Voyager léger

Il n’est pas encore 7h00 du matin et pourtant Maurice est déjà sur le quai de la gare à attendre son train. Il fait jour mais pas encore suffisamment pour que les éclairages publics soient éteints. Ce matin, comme souvent en ce beau mois d’août, le sol est mouillé. Il a plu cette nuit et les nuages toujours présents dans le ciel semblent se disperser.

C’est l’inverse pour les voyageurs qui commencent à se regrouper petit à petit. L’ambiance est très calme car ils arrivent isolément, en silence. Seuls quelques bonjours sont échangés de loin en loin.

Les oiseaux n’ont pas l’air très chauds pour lancer quelques trilles matinales. La température y est certainement pour quelque chose et aujourd’hui ils sont trop occupés à lisser leurs plumes au fond de leurs nids détrempés.

En attendant donc que son train s’arrête, Maurice peut librement observer ceux qui arrivent et passent devant lui. Les visages ne sont ni gais ni tristes, juste sérieux, peut-être encore un peu fatigués ou mal réveillés. Heureusement l’air frais et vivifiant de ce matin va vite remettre les choses en place.

Et tout à coup c’est l’étonnement et l’incompréhension. Un homme s’avance sur le quai. Il est vêtu d’un costume gris anthracite, d’une chemise rayée et d’une cravate et a des chaussures noires. Et c’est tout ! Il avance les mains dans les poches, sans sacoche, ni sac en bandoulière.

Maurice est toujours chargé comme une mule (normal me direz-vous). Le contenu de sa sacoche est toujours en ligne à l’adresse suivante. Il imagine alors la taille des poches qu’il lui faudrait pour emmener tout son barda : magazine, calepin, stylos, parapluie, clés…

Et sans sacoche ou sans un livre à la main il se sent complètement nu et ne sait plus quoi faire de ses mains.