vendredi 25 août 2006

Agression (3)

Maintenant que le décor est planté, et étant donnée la manière dont je vous l'ai décrit, je suis convaincu que nombre d'entre vous ont compris comment s'est déroulée l'agression.

Pour les autres, je vais expliquer ce qui s'est passé. Mais tout d'abord, afin d'entretenir un peu plus le suspense il faut situer l'action dans le temps. Je vous épargnerai donc la traditionnelle page de publicité qui permet la plupart du temps de satisfaire une envie pressante et de réajuster les coussins avant de s'abrutir de nouveau devant la boîte à images.

En ce qui concerne l'unité de temps, cela s'est passé en période de pointe, en fin d'après-midi, un jour de semaine. Je ne me rappelle plus précisément l'heure ni le jour. En tous cas, à un moment de la journée où censément vous vous dites que vous ne risquez rien puisque vous êtes loin d'être seuls.

On aurait tendance à penser que la foule vous protège et qu'au contraire le fait de se retrouver isolé expose plus au danger. C'est vrai que passée une certaine heure il n'est pas très rassurant de se retrouver seul sur certaines lignes de trains ou de RER. Mais dans certains cas il est possible de profiter de la foule justement pour commettre un méfait. Cela permet de s'y fondre et de disparaître très rapidement.

Les agresseurs, après avoir frappé leur infortunée victime et lui avoir dérobé sont téléphone portable au milieu des autres voyageurs, sont passés d'une voiture à l'autre pour se perdre dans le train. Personne ne s'est interposé.

Et moi direz-vous ?

Evidemment les passagers des autres voitures n'avaient rien vu ou entendu. Ils ne voyaient que des jeunes sauvageons passer d'une voyageur à l'autre. Le conducteur du train avait été alerté par interphone. Il avait fait le nécessaire pour que des « renforts » soient sur le quai du prochain arrêt.

Cela dit une fois le train arrêté, toutes les portes se sont ouvertes et le chassé-croisé de ceux qui descendent de voiture et de ceux qui montent a permis aux voleurs de disparaître pour de bon.

jeudi 24 août 2006

Agression (2)

Je n'ai pas terminé de vous expliquer comment s'est déroulée l'agression que j'ai commencé de relater dans le post précédent.

Avant de poursuivre, et pour une meilleure compréhension ultérieure, il faut que je vous décrive tout d'abord le décor, l'unité de lieu.

Ces voitures du RER E sont à plusieurs niveaux. Il y en a en fait 3 niveaux différents :

- Le niveau 0 est composé de 3 plateformes (1 centrale et 2 latérales). C'est à ce niveau, qui est à la hauteur du quai, que les voyageurs entrent ou sortent dans une voiture. Grâce à des escaliers, un qui monte et l'autre qui descend, on peut accéder aux niveaux +1 et -1 à partir des 2 plateformes latérales. La plateforme centrale permet d'accéder aux deux niveaux -1 (l'un à gauche l'autre à droite).
- Le niveau +1 est composé de 2 zones qui ne communiquent pas entre elles. On y trouve de nombreux sièges.
- Le niveau -1 est composé de 2 zones qui communiquent par la plateforme centrale. On y trouve également de nombreux sièges.

Il y a très peu de sièges sur les plateformes latérales, et aucun sur la plateforme centrale. Il est donc possible en cas d'affluence de s'y tenir debout et nombreux. En cas de très forte affluence (situation quasi normale), il y a même des voyageurs debout dans les escaliers. Circuler dans la rame est pratiquement impossible sauf à bousculer tout le monde.

Il y a une porte de service à chaque extrémité de voiture. Chaque porte est fermée. On ne peut l'ouvrir qu'avec une clé spéciale dont seuls les agents SNCF devraient disposer. Le péquin moyen n'y passe pas. Certains voyageurs (ils ne portent pas d'uniforme SNCF) ont les moyens d'ouvrir ces portes. Ces portes permettent de passer d'une voiture à l'autre.

mercredi 23 août 2006

Agression (1)

Il y a plusieurs semaines maintenant, j'étais dans une voiture du RER E dans laquelle a eu lieu une agression. Un voyageur a été agressé et volé. Il a dans un premier temps été pris à parti, frappé et on lui a dérobé son téléphone portable. Le tout à une heure de pointe, au milieu d'autres voyageurs.

Sans en avoir été le témoin direct, c'est la première fois que je passe aussi près de ce genre de fait divers que certains qualifient d'incivilité.

Il m'est parfois arrivé d'assister malgré moi à des discussions fortes, très tendues, le plus souvent et chose étonnante du fait de voyageuses. Dans ces circonstances on a toujours l'impression qu'une simple étincelle risquerait de mettre le feu aux poudres, en d'autres termes que les acteurs en viennent à un crêpage de chignon en règle. L'honnête mère de famille se transforme alors en furie ou en marchande de poissons selon le cas. Dommage pour elle car après on ne les regarde plus de la même façon. Maurice déteste la vulgarité.

Fort heureusement l'intervention tonitruante et virile du voyageur dérangé dans sa sieste ou de celui dans l'impossibilité de lire tranquillement le compte-rendu du dernier match de son équipe de foot préférée - Oh ! Oh ! C'est pas bientôt un peu fini c'bordel ? - permet la plupart du temps de calmer les esprits, de faire retomber la tension, mais pas l'animosité et de replonger dans sa lecture favorite. L'approche qui consisterait à calmer les esprits par un - Mais enfin Mesdames, calmez-vous ! - n'aurait aucune chance de réussir.

Il n'est pas rare non plus de voir les gens sourire en appréciant l'échange verbal des deux adversaires du moment. Le spectacle est assuré et gare aux oreilles sensibles ! De si vilains mots dans de si jolies bouches...

mardi 22 août 2006

Les bébés

Les fumeurs c'est une chose, mais il y a une autre catégorie de voyageurs que je cherche à éviter autant que faire se peut. Certains l'appellent les bébés, moi je l'appelle le mouflet teigneux à chandelle. Malheureusement, et comme les autres, je suis tributaire du numéro de siège indiqué sur mon billet.

Dans cette catégorie je range pêle-mêle :

- celui qui attendra que vous vous soyez assoupi depuis 10 secondes pour pousser des hurlements à réveiller les morts
- celui que la mère au bord de la crise de nerfs, parce que pour elle ça dure depuis des mois, ne peut balancer par la fenêtre étant donné qu'on ne peut pas les ouvrir
- celui qui, les yeux rougis de larmes, le tétin vissé dans la bouche et le « nin-nin » cradot et odorant à la main, vient s'essuyer le nez sur la jambe de votre pantalon alors qu'il y a plein d'autres jambes dans le couloir du train
- celui qui au bout de cinq minutes fait passer ses parents pour de mauvais parents incapables et complètement dépassés et les soumet d'emblée au le regard noir et courroucé des autres voyageurs.

La seule chose qu'il réclame, c'est de pouvoir se balader dans l'allée centrale. On peut le comprendre. Rester dans les bras de quelqu'un pendant tout le trajet, ou bien rester assis sans rien dire pendant des heures, c'est insupportable pour lui. D'autant qu'il marche depuis quelques semaines à peine. Il est donc fier de montrer à tout le monde comment, malgré son énorme et pesante couche-culotte, il est capable, tel un château branlant, de se déplacer au milieu d'un train filant à 300 km/h.

Quand je pense qu'il y en a qui trouve ça attendrissant ! Moi j'ai beau me plonger avec mon air le plus sérieux et le plus rébarbatif dans la lecture de mon magazine préféré, le voilà qui justement se cramponne à ma cuisse pour conserver son équilibre.

Il est bien sûr tout content de son exploit et gazouille de joie non feinte. A ce moment-là, tout le monde nous regarde et je me vois donc dans l'obligation de lui décrocher un sourire bien que l'envie de lui soustraire d'un seul coup son point d'appui me démange.

De me voir sourire, derechef il se met aussi à me sourire, c'est un réflexe. Alors comment voulez-vous ne pas trouver ça attendrissant ? Bande de sans cœurs !

lundi 21 août 2006

Tabac froid

Voyager en TGV n'est en définitive pas si difficile que ça. C'est supportable. On peut même y trouver certains avantages. Pas d'embouteillages dans lesquels perdre des heures, si ce n'est quelques retards, ceux de plusieurs heures étant exceptionnels. La fatigue en moins pour certains trajets, surtout en hiver lorsqu'il pleut ou qu'il neige. On se sent nettement plus en sécurité.

Non, la seule chose qu'il faudra supporter, c'est son voisin de banquette ou certains voisins de voiture.

A mon sens, le pire des voyageurs à supporter, c'est le fumeur. Surtout lorsqu'il est assis à côté de vous. Celui-là, ou celle-là d'ailleurs, je ne peux pas le sentir. Les TGV sont enfin non-fumeurs. Des fumeurs il en existe toujours. Auparavant ils se regroupaient dans une voiture réservée aux fumeurs ou bien, ne supportant pas de voyager dans une voiture enfumée et empestant le tabac froid, ils allaient s'y rendaient en cours de voyage pour en griller une de temps en temps.

Maintenant la seule possibilité pour les fumeurs qui ne peuvent s'en passer, est d'aller en griller une à chaque arrêt. A l'annonce du prochain arrêt on les voit se précipiter en file indienne, la cigarette et le briquet à la main. Sur le quai, qu'il pleuve ou qu'il vente, on les voit tirer comme des malades sur un mégot fumant car deux minutes d'arrêt c'est peu pour en fumer une complètement. Au prix du tabac, il ne faudrait pas gaspiller, n'est-ce pas ?

Au signal annonçant la fermeture des portes, après avoir tiré une dernière et longue fois sur un résidu de filtre incandescent, un pied sur le marchepied, la bouche en cul de poule ils rejettent consciencieusement la fumée à l'extérieur de la voiture et soulagés viennent se rasseoir à votre côté pour vous faire profiter de leur haleine « Spécial Tabac Froid ».