vendredi 25 mars 2005

La contagion

Le mouvement social initialement cantonné au réseau Paris-Est s'étend maintenant au réseau Paris-Nord. Excusez les camarades du Nord pour le retard de la réaction, mais le réveil n'a pas sonné. En attendant il y a toujours aussi peu de trains, autant de bus et de plus en plus d'embouteillages? Ceux qui vont travailler malgré les bâtons qu'on leur met dans les jambes ou dans les roues le font de bonne grâce. Ont-ils vraiment le choix? Moi pas trop. En plus je n'ai pas d'autre choix que les transports en commun.

On a cependant l'impression maintenant que le mouvement de quelques privilégiés se fait dans l'indifférence générale. C'est vrai que ce n'est pas agréable, mais n'est-ce pas aussi le propre de la nature humaine que de s'adapter à tout? Tout au plus les voyageurs de la région Est et Nord (ce sont les seuls concernés), s'indignent-ils des raisons et des motivations de cette grève de plus parmi les nombreuses autres. On reconnaît même les propos des fiers voyageurs racontant les efforts et ruses déployés pour parvenir à temps jusqu'à son lieu de travail, de ceux ayant survécu à l'étouffement et à la chaleur d'une mêlée.

Le décalage entre les revendications posées par cette minorité de grévistes au pouvoir de nuisance énorme et la situation dans laquelle évoluent et vivent la plus grande majorité de ces voyageurs est hallucinante. La grève s'installant dans le temps, on commence à être rôdé. C'est vrai que le premier jour on doit faire face à un chamboulement de ses habitudes, on va perdre du temps, être en retard, mais on retrouve très vite ses marques.

Hier matin quand je levais les yeux de mon cahier et que je regardais les gens autour de moi, j'imaginais que chacun avait son lot de soucis, de problèmes, de difficultés. Comment qualifier un tel comportement corporatiste, si ce n'est pour dire qu'il est égoïste ? Ils se sont même pris par le passé aux enfants en les empêchant de se rendre sur les lieux d'examen.

jeudi 24 mars 2005

Au secours !

Notre fidèle lecteur du Var, Jean-Pierre Liégois, nous envoie une question. "Quelles sont les raisons qui ont poussé une certaine catégorie de personnel à déclencher un mouvement social reconductible sur le réseau Est?". Vous connaissez la bonne volonté de notre équipe de rédacteurs. Ils sont partis à la recherche de la réponse et voici ce qu'ils nous ramènent.

D'après la direction de la SNCF à Paris-Est la grève est motivée par "un refus de l'application des règles statutaires de promotion des conducteurs de train au sein de l'entreprise, fondées sur l'expérience et la qualité des services assurés". Certains syndicats refusent l'idée que leur direction "ne continue pas de conserver l'ancienneté comme argument d'avancement".

Incroyable ! Dans le genre je veux le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière, il y en a qui s'imposent. Pouvoir saboter son boulot, son entreprise et ses clients, fournir une prestation à ch... en toute impunité en refusant d'être noté ! Obtenir des augmentations de salaire automatiquement sur la base de l’ancienneté ! Tout le monde appréciera. C'est l'apologie de la médiocrité, la revendication du droit à la nullité, l'hommage sans risque au courage de la part d'une faction de privilégiés ayant la sécurité de l'emploi, qui font acte de présence un peu plus de 20 heures par mois, voyagent gratis et partiront en retraite à 50 ans… Ils n’ont pas de concurrence et un énorme pouvoir de nuisance.

Un retour sur terre de temps à autre ne ferait pas de mal. Du haut de leur nuage ils ont complètement perdu le sens de la réalité. Ils sont complètement réfractaires à toute évolution et ignorants du monde qui les entoure et dont ils profitent et s'accrochent désespérément à leurs privilèges et aux zacquits sociaux. Quelle dignité...

Une époque formidable

C'était lundi soir la première soirée du mouvement social qui touche le réseau Est et qui a été reconduit de 24 heures pour prendre fin jeudi. Encore un effort camarades et bientôt ce sera le week-end. En bonus vous aurez le lundi de Pâques pour vous remettre. En attendant c'est un train toutes les heures au tarif syndical. En temps normal, aux heures de pointe, les voitures sont bien remplies. Lorsqu'on supprime trois trains sur quatre elles sont plus que plus que plus que remplies.

Les voitures se remplissent dès leur arrivée en gare. Les derniers "rentrés" se cramponnent à la porte de peur d'être éjectés. Ils devront tenir de longues minutes dans cette position inconfortable en attendant que les portes se referment. Ceux qui ont eu la "chance" de monter les premiers baignent déjà dans leur jus et dans celui des autres. D'autres enfin, qui n'ont pas pu monter faute de place, patientent à proximité des voitures avec l'espoir de profiter de la bousculade du départ pour s'enfoncer dans le magma humain.

Dans ces moments de grands rassemblements, on partage tout. Le contact, mais surtout les odeurs, les souffles chauds dans la nuque, les haleines acides et fétides, l'odeur du tabac froid, les parfums chers ou bon marché, la transpiration aigrelette ou à l'oignon, le graillon des mangeurs de hamburgers. Et puis il y a le bruit, car en fait toutes ces personnes n'arrêtent pas de parler. On se piétine et on se bouscule dans la fausse bonne humeur et la résignation peut se lire dans beaucoup de regards. Tout le monde râle unanimement à l'unisson lorsque le conducteur annonce que le départ du train sera retardé suite à un tirage de signal d'alarme. Tout le monde grogne aussi de la même manière lorsque les corps s'écrasent les unes les autres au moment du freinage brutal du train.

Au bout d'une heure de ce traitement, mes vêtements sont trempés et puent. Ils sont bons pour la teinturerie. Encore quelques jours ç ce rythme et ma garde-robe va y passer. Une courte nuit de repos et on remettra ça demain et les jours suivants, bon pied, bon oeil.

mardi 22 mars 2005

C'est reparti

J'avais tort de m'inquiéter. Les sujets ne manquent finalement pas. Je craignais de tomber à court d'idées et assez rapidement ne plus savoir quoi écrire. C'était sans compter sur la bonne volonté que mettent tous les jours la RATP, la SNCF, les bus et leurs voyageurs à varier les plaisirs et renouveler des situations qui finalement ne sont pas si monotones que ça si on sait y regarder de près. A moins que ce ne soit leur propension à vous pourrir une journée.

Ca y est ! La SNCF est à nouveau en grève. Par suite d'un mouvement social sur la région de Paris-Est, la circulation des trains sera perturbée lundi 21 mars et mardi 22 mars. Dès vendredi soir des zagents zélés distribuaient aux voyageurs des tracts, non pas syndicaux mais patronaux, précisant les horaires prévus au départ et à destination de Paris-Est et Haussmann Saint Lazare. En gros un train toutes les heures. Avec bien évidemment des horaires qui ne correspondent pas du tout aux horaires habituels et donc aux horaires de ramassage des bus. Il faudra prévoir de longues minutes d'attente sur le quai en attendant un train déjà bondé. Avec en prime la promesse de la SNCF de faire évoluer le trafic en mettant en place des trains supplémentaires en fonction des possibilités offertes par les prises de services des zagents (agent SNCF c'est quand même plus ronflant que employé SNCF).

Cette fois je n'ai pas posé de journée de congé. Après tout seul le réseau SNCF Paris-Est semble concerné. J'ai changé mes habitudes et j'ai fait appel à la RATP et à son RER A. Ce matin ça a bien marché. Mis à part le fait que la lumière ait été éteinte pendant plusieurs minutes, plongeant les voitures dans une obscurité quasi totale sous les tunnels (mesure de représailles ou de solidarité?), j'ai pu lire confortablement assis jusqu'à ma destination finale.

lundi 21 mars 2005

Décidément les jours se suivent et se ressemblent

Vendredi matin, alors qu'un brouillard épais s'était abattu en région parisienne, les mauvais esprits ont encore frappé. Un incident au niveau de la voie ferrée oblige la SNCF à interrompre le trafic vers Paris pour une durée indéterminée. Les voyageurs désirant se rendre sur le lieu de travail, les étudiants et les autres sont coincés car les solutions de repli lorsqu'on est pris de court ne sont pas foison. Dans ces moments là il vaut mieux réagir vite. Et la réaction est d'autant plus rapide qu'on a des années de pratique derrière soi. Quelles sont les solutions?

Attendre? Un jour ou l'autre la voie sera réparée. Compte tenu de la teneur du message, ça risque de prendre un certain temps mais le voyageur est vacciné. Retourner chez soi se coucher et prétexter une grippe ou une gastro? A force de servir cet argument vous risquez d'éveiller les soupçons. Surtout un vendredi matin.
Faire du stop? La gare est mal située pour ça et les personnes qui passent par là à cette heure du matin ne vont sûrement pas dans ou vers Paris. Appeler quelqu'un pour y aller en voiture? A c't'heure ceux qui font le trajet en voiture sont déjà coincés dans les bouchons.

A part la première solution, les autres ne sont pas envisageables. Il reste cependant le bus. Justement il y en a un qui doit arriver dans 5 minutes environ pour desservir une gare RER. L'aubaine ! Malheureusement nous sommes plusieurs dizaines à avoir eu la même idée pratiquement au même moment. La bataille sera rude. Beaucoup de voyageurs ne pourront monter dans le bus. D'autres voyageront debout. Très peu seront assis. Lorsque le bus arrive, c'est la curée. Il faut pourtant se résigner à laisser descendre les voyageurs dont c'est le terminus. Le chauffeur du bus est respectueux du règlement. Quelles que soient les circonstances, on monte par devant et on descend par derrière. Sauf que dans le cas présent, c'est une prise d'assaut en règle à laquelle on assiste. La brèche ouverte à l'avant laisse déferler un flot de voyageurs alors que la même vague de voyageurs à l'arrière est bloquée par ceux qui descendent. La vague descendante l'emporte finalement malgré la volonté du chauffeur de vouloir fermer les portes arrières pour faire respecter le règlement. Ceux qui on vu le Seigneur des Anneaux se rappelleront la scène de la prise de la forteresse de Minas Tirith par les Orques. Finalement le flot humain sera plus fort. Je fais attention à ne pas piétiner les plus petits que moi. Il se passera encore quelques minutes avant que le bus démarre. Entre-temps les voyageurs du train suivant sont arrivés. Ils se sont rendu compte du problème et se sont rués sur le bus de la même manière. Seulement pas de chance, il est déjà plein comme un oeuf. 100% de déchets. Même chose tout au long du parcours où il sera impossible aux personnes qui attendent aux arrêts de monter dans le bus.

En ce qui me concerne, durant toute la durée du voyage je ne verrai rien depuis la fenêtre à cause du brouillard et de la buée. Au final j'aurai mis 45 minutes de plus que d'habitude.

Je pense avoir eu de la chance...