jeudi 23 novembre 2006

Nouveaux lecteurs

J’étais en train de regarder à droite et à gauche autour de moi, à chercher un fois de plus un sujet d’inspiration, à creuser une cervelle vidée après une journée de dur labeur lorsque l’idée me sauta littéralement à la figure. J’observais mes voisins et voisines à cette heure tardive de la journée à la recherche de quelques faits remarquables ou traits de travers à vous conter.

Soit dit en passant, après une journée comme celle que je venais de passer, j’étais loin d’imaginer que j’arriverai encore à puiser l’énergie nécessaire pour parvenir à noircir à l’encre bleue une nouvelle page blanche de mon calepin. Et pourtant c’est ce qui se passe au moment même ou j’écris ces quelques mots. Ma plume se met à voler sur la feuille, pas assez vite cependant pour pouvoir coucher sur le papier mes pensées fugitives.

C’est donc en passant en revue mes voisins les uns après les autres, que l’évidence s’est révélée d’elle-même.

J’étais entouré de lecteurs de mangas. Pour ceux, et en particulier celles qui ne sauraient pas ce que c’est, il s’agit de bandes dessinées japonaises, que l’on lit à la japonaise, c’est-à-dire en commençant par la fin. Il y en a pour tous les goûts et tous les genres, ce qui expliquerait leur succès (garçons, filles, jeunes, ados, adultes, lycéens, ninjas, footeux, bricoleuses, brodeuses, tricoteuses…).

Quand je dis entouré, il faut bien sûr relativiser. Je n’irai pas jusqu’à dire que le ouagon en était rempli. Il y en avait quand même trois visibles de là où j’étais assis. Et pas des enfants.

C’est le troisième plus gros rassemblement de lecteurs de mangas que j’ai pu observer jusqu’à présent. Le plus important, et de loin, c’était à La Fnac, au rayon mangas, le second à la maison, à égalité avec ce troisième.

Etonnant, non ?

mardi 21 novembre 2006

Train de nuit

A l’heure où les poules dorment encore, bon nombre de personnes sont déjà, qui dans les trains, qui sur les routes pour aller on ne sait trop où. On peut penser sur un lieu de travail ou d’étude…

A l’intérieur du train la lumière diffusée par les nombreux néons permet entre autres à certains voyageurs de coucher sur le papier des idées matinales. Ce matin (ndlr : en fait le jour où ce billet a été écrit), il est en forme. Pourvu que ça dure.

Pour celui ou celle qui a décidé de ne rien faire d’autre que de regarder ou observer autour de lui, à part l’intérieur des voitures, il n’y a pas grand-chose à voir. La luminosité à l’intérieur de la voiture aveugle suffisamment pour empêcher de voir ce qui se passe à l’extérieur qui, à cette heure matinale, est plongée dans l’obscurité. Ce phénomène est encore accentué par les reflets qui transforment les vitres en véritable miroir.

L’obscurité à l’extérieur n’est pourtant pas totale. En y prêtant attention, on pourra voir de temps à autres un point lumineux défiler pour disparaître de la vue. Parfois brusquement, à cause d’un obstacle qui le dissimulera, parfois lentement à cause de l’éloignement progressif.

Plus le train progresse et se rapproche de la capitale, plus ces points lumineux sont nombreux et variés. Leur intensité varie, de même que leur forme et leur position dans l’espace. Les couleurs sont également variables et tout le spectre lumineux y passe.

Plus le train progresse donc et plus ces points sont nombreux et renforcés progressivement par des points plus grands, de forme carrée ou rectangulaires, dans des tons jaunes. D’abord situés plutôt au niveau du sol, plus le train avance et plus ils auront tendance à prendre de la hauteur.

Arrive l’instant où le train disparaît sous terre. Ce n’est qu’arrivé dans la station souterraine que les quelques points lumineux défilant à grande vitesse au ras des fenêtres seront remplacées par une lumière tamisée, douce et pas agressive. Il faudra encore que Maurice attende 20 minutes environ avant de retrouver la lumière naturelle d’un jour naissant.

lundi 20 novembre 2006

Un regard nouveau (3)

C'est sans doute pour cette raison qu'elle fera des essais successifs de sièges différents : dans le sens de la marche, près d'une fenêtre, en posant les bras ou pas sur des accoudoirs un peu trop distants l'un de l'autre par rapport à son envergure, et toujours les pieds qui se balancent dans le vide car à cet âge là on n'a pas les jambes suffisamment longues pour pouvoir le poser les pieds par terre. Et en permanence ce regard qui irradie de bonheur non feint.

Voyant qu'elle avait enfin trouvé sa place, le grand frère lui expliqua alors à voix basse et avec force gestes de ne plus bouger de sa place pendant quelques instants. Juste pour lui laisser le temps de s'absenter quelques instants.

Bien sûr elle lui demande ingénument où il va aller, tout en prenant le ton et l'attitude d'un enfant qui pense imiter un adulte. Lui, un peu gêné, mais parce qu'elle insiste et qu'il ne souhaite probablement pas se faire remarquer, finit par lui dire de façon discrète qu'il veut tout simplement aller aux toilettes.

C’est avec un air intrigué qu’elle ne le quittera pas des yeux, jusqu’au moment où elle le verra disparaître et s’enfermer derrière une porte mystérieuse. Bien sûr et contrairement à ce qu’elle avait bien pu promettre, elle n’attendra pas qu’il revienne avant de décider à se lever de son siège afin de se placer devant la porte en attendant qu’elle s’ouvre. Elle est bien trop curieuse pour ça.

C’est à moitié surpris que le grand frère la découvrira devant la porte, et à moitié surpris également qu’il l’écoutera lui dire qu’elle aussi elle a une envie pressante qui ne peut plus attendre. C’est plus fort qu’elle ; il faut qu’elle aille voir ce qu’il y a derrière cette porte.

Le grand frère attendra devant la porte jusqu’à ce qu’elle ressorte, c’est-à-dire pas très longtemps. Ils ne remonteront pas à l’étage là où quelques instants plus tôt ils étaient assis. Le voyage n’était pas terminé et il lui restait probablement encore beaucoup de choses à explorer.

Elle avait maintenant pris la mesure de ce nouvel environnement et c’est d’un pas et d’un geste assurés qu’elle entraîna son grand frère dans son sillage pour voir et découvrir un peu plus ce monde merveilleux que celui des transports en commun.